La Palestine en 10 minutes


Comprendre la Palestine

La vision d’ensemble que donnent les médias occidentaux sur la question palestinienne est biaisée et incomplète. Ils prétendent qu’il s’agit d’un conflit entre deux nations, comme s’il n’y avait pas un oppresseur et un opprimé. De plus, depuis le 7 octobre 2024, ils mentionnent systématiquement l’opération déluge Al Aqsa comme étant à l’origine du conflit en ne mentionnant que rarement le contexte de colonisation qui perdure depuis presque un siècle. Cet article répond à des questions essentielles et donne des clés de compréhension quant à la situation dramatique en Palestine. Nous donnerons des ressources pour celleux qui souhaitent aller plus loin.

Clés de compréhension historiques

Ce texte est largement inspiré de l’excellent ouvrage de Jean-Pierre Bouché, Palestine. Plus d’un siècle de dépossession, Histoire abrégée de la colonisation, du nettoyage ethnique et de l’apartheid

Comprendre la Palestine en vidéo 

Paroles D’Honneur, Palestine : 1923 – 2023, un siècle de décolonisation (Juste Wissam)

Table des matières de cet article

  • La Palestine avant la colonisation
  • La colonisation de la Palestine
  • Est-ce qu’Israël représente les juifvexs? 
  • Israël, l’ONU et les droits humains
  • Pourquoi les gouvernements occidentaux soutiennent inconditionnellement Israël malgré ses crimes contre l’humanité et le non-respect des droits humains? 
  • Trois premiers petits pas pour ne pas être complice
  • Des ressources pour aller plus loin
  • Comptes Instagram recommandés

La Palestine avant la colonisation

Avant l’arrivée des premiers colons en 1882, la Palestine faisait partie de l’Empire ottoman et comptait 300 000 habitantexs de diverses religions. Les juifvexs palestiniennexs représentaient 5% de la population. Contrairement à la situation en Europe, iels vivaient en harmonie avec les autres communautés (musulmanes et chrétiennes).

Avant la colonisation, la Palestine était divisée en plusieurs districts de l’Empire ottoman. Contrairement à d’autres districts, la Palestine possédait ses institutions propres, un territoire défini et une population qui s’identifiait comme arabe palestinienne.

Vue de la ville de Jaffa/ Yafa entre 1867 et 1870

Le sionisme, une idéologie coloniale

Le sionisme est un mouvement qui a pour objectif de créer un état juif en Palestine. Ce projet implique de chasser la population qui habite cette terre depuis des siècles.

Cette idée, à la base, n’est pas issue de la communauté juive. Elle naît dans l’Angleterre impériale du 19ème siècle, qui utilise la Bible pour justifier ses projets coloniaux, on parle ainsi de sionisme chrétien. L’Angleterre, comme les autres puissances européennes, cherche à augmenter son influence au Proche Orient. Elle voit dans les juifvexs européennexs “rétabliexs” en Palestine une population qui lui serait redevable. Cependant, la majorité des communautés juives de l’époque est totalement contre tout projet nationaliste. 

C’est Théodor Herzl (1860-1904), un journaliste d’origine juive, qui donne naissance au sionisme en tant que mouvement politique en 1895. L’anti-sémitisme (le racisme envers les juifs) est très fort en Europe depuis des siècles. Herzl affirme qu’il est inévitable, et qu’il est inutile de s’y opposer. Selon lui, les juifs ont besoin de leur nation. Pour son projet, il s’inspire alors des sociétés de colonisation capitalistes, comme celle de Léopold 1er au Congo. Les sionistes envisagent d’ailleurs plusieurs pays pour leur projet, comme l’argentine, l’Ouganda, ou le Kenya, et cela sans jamais prendre en compte les populations de ces pays.

OFFISHALL IFF, Créer Israël en Afrique : Une idée Oubliée de L’Histoire, 2023

Il faut attendre 1917 pour avoir le soutien d’une puissance coloniale, l’Angleterre. Arthur James Balfour (1848-1930), représentant des affaires étrangères britanniques fait une déclaration dans laquelle il envisage l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. Israël est donc largement un produit du colonialisme britannique.

HISTOIRE CREPUES, L’histoire coloniale derrière la guerre Israël-Palestine, 2023

La colonisation de la Palestine

“Ne nous racontons pas d’histoire… Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent… C’est leur pays, parce qu’ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays.”

Extrait d’un discours de 1938 de David Ben Gourion (1886-1973), fondateur de l’État d’Israël, cité dans le livre de Simha Flapan, Zionism and the Palestinians, publié en 1979.

La colonisation commence par l’achat de terres cultivables en Palestine par le fonds national juif (FNJ) ou “Keren Kayemeth LeIsrael” (KKL), en hébreu, littéralement : «fonds pour la création d’Israël». Seuls de rares grands propriétaires installés à l’étranger vendent leurs terres. Les sionistes expulsent les paysannexs palestiniennexs et les remplacent par des colons juifs. Ces achats de terre sont l’un des principaux arguments utilisés pour légitimer la création d’Israël. Ce que l’on entend moins, c’est que lors de sa création en 1948, seuls 3,6% des terres de Palestine avaient été vendues au FNJ. 

L’étape suivante, c’est le terrorisme. Des milices sionistes (qui formeront plus tard l’armée israélienne, Tsahal) organisent en 1939 des attentats dans les villages palestiniens qui causèrent 250 mortexs, ils sèment la terreur pour faire fuir les palestiniennexs de leur pays. En 1948, ils massacrent les populations d’une trentaine de villages, dont le plus connu est celui de Deir Yassin dont les 120 habitants sont assassinéexs. Aujourd’hui encore, n’importe quel colon peut tirer sur unex palestiniennex en Cisjordanie sans être puni et, régulièrement, l’armée bombarde les civilexs de Gaza pour les dissuader de résister contre l’occupation.

Après les atrocités de la Shoah (la “catastrophe” en hébreu), les occidentaux n’osent pas refuser une nation aux juifs, peu importe si ces terres sont déjà habitées et que les palestiniennexs n’ont en rien participé au massacre des juifvexs en Europe. Les puissances occidentales sont habituées à se partager le monde comme s’il leur appartenait et, malgré leurs beaux discours, restent fondamentalement antisémites. Globalement, ils préfèrent voir les juifvexs européennexs partir et servir leurs intérêts au Proche-Orient plutôt que de réparer le traumatisme des camps de concentration et déconstruire le racisme ancré depuis des siècles. Par ailleurs, les sondages aux États-Unis, lors du règne d’Hitler et même après la fin de la deuxième guerre mondiale, montrent que la majorité des étasuniennexs sont contre l’accueil des réfugiéexs juifvexs sur “leur” terre (qu’ils ont eux-mêmes volé aux Premières Nations) et qu’ils voient les juifvexs comme une menace.

 Approfondissement : Times of Israel, Ce que les américains pensaient des réfugiés de guerre juifs, 2015

En 1947 les États-Unis font adopter un plan de partage de la Palestine par l’ONU, où les puissances coloniales occidentales sont dominantes. Les juifvexs reçoivent 56% des terres. Le découpage n’a aucune base historique, mais il favorise l’État “juif”. Naturellement, la population palestinienne refuse cette injustice, et lors de la proclamation de l’État d’Israël en 1948, les palestiniennexs qui habitent dans les territoires octroyés aux colons israéliens sont chasséexs, pousséexs à fuir, et assassinéexs. Les États arabes voisins entrent en guerre. Mal armés, mal coordonnés et trahis par le double jeu de la Jordanie, ils perdent face à Israël qui est soutenu par les États-Unis. Israël prend possession de 78% de la Palestine et près d’un million de palestiniennexs sont encore chasséexs et/ou forcéexs de fuir. Plus de 500 villages palestiniens sont détruits. Cet exode restera dans la mémoire collective comme la Nakba (la “catastrophe” en arabe).

Approfondissement : Utopix.cc, La Nakba palestinienne hier et aujourd’hui, 2021

La Palestine de 1946 à nos jours

Approfondissement : Ritimo, Carte et repères sur la Palestine, 2022

Femmes palestiniennes fuyant le village de Tantura après l’arrivée des israéliens, 1948

Approfondissement : The Conversation, Tantura a new documentary sparks debate about Israel and the palestinian Nakba, 2022  

Aujourd’hui, en plus d’occuper 78% de la Palestine, l’État et les colons israéliens continuent de créer des colonies dans le territoire qui reste aux palestiniennexs. Ils occupent militairement la Cisjordanie à l’aide notamment du mur qu’ils ont construit et des checkpoints (barrages), qui consistent à contrôler les palestiniennexs lorsqu’iels passent d’un lieu à l’autre : iels y sont humiliéexs, repousséexs, et très souvent tabasséexs. 

La bande de Gaza, qui était occupée jusqu’en 2005, est aujourd’hui le seul endroit en Palestine dans lequel il n’y a pas de colons, ce qui facilitent les bombardements et rend possible le projet génocidaire. En raison du blocus imposé par Israël, on parle souvent de “prison à ciel ouvert” ou même de “plus grand camp de concentration du monde”. 

C’est dans ce contexte, après 16 ans de blocus et 5 vagues de bombardements terriblement meurtriers, que la résistance armée palestinienne a préparé son opération du 7 octobre 2023 contre les colonies qui entourent Gaza ainsi que certains objectifs militaires.

Est-ce qu’Israël représente les juifvexs? 

L’État d’Israël tente de faire croire au monde qu’il représente la population juive. Leur propagande est simple et particulièrement efficace en Occident : “quiconque critique Israël est antisémite”. En réalité, de nombreux juifvexs dans le monde entier contestent et condamnent les crimes odieux d’Israël, ainsi que sa légitimité même. Un grand nombre de juifvexs pratiquantexs soulignent l’incompatibilité entre le nationalisme sioniste et la Torah (ouvrage sacré du judaïsme), entre la politique coloniale et génocidaire d’Israël et leurs principes religieux. Israël n’est qu’une machine coloniale qui utilise l’ancien testament (la Bible) et la souffrance du peuple juif pour arriver à ses fins. Cet amalgame voulu par Israël est en grande partie responsable de certaines dérives antisémites, comme ce qu’il s’est passé au Daghestan.

TRT WORLD, Jewish Americans join massive pro-Palestine protest in US capital, 2023

Sit-in au congrès américain à Washington DC, 18 octobre 2023

Approfondissement : Madhyamam, Jews group in US says “Not in our name”. Activists demanding ceasefire arrested,  2023

Message de soutien à la Palestine du Rabin Yisroel Dovid Weiss à l’occasion de 75e commémoration de la Nakba, 2023

Les forces d’occupation israéliennes attaquent des juifvexs palestiniennexs pour avoir montré leur soutien aux civilexs de Gaza, 2023

Israël, l’ONU et les droits de l’Homme 

Israël est admis en 1949 à l’Organisation des Nations unies, à condition d’accepter le retour des réfugiéexs (les palestiniennexs chasséexs en 1948) et de respecter les frontières reconnues par l’ONU (à peu près la moitié de la Palestine). Ces conditions ne seront jamais respectées et, de sa création jusqu’à aujourd’hui, Israël viole impunément le droit international et les droits humains fondamentaux des palestiniennexs comme le droit à l’auto-détermination, à la liberté et à la vie. Quand l’ONU tente de mettre en place de nouvelles résolutions, comme l’interdiction de créer un mur pour enfermer et séparer les palestiniennexs (un exemple parmi des dizaines), les États-Unis appliquent leur droit de véto qui permet de bloquer toute résolution ou décision en faveur de la Palestine laissant ainsi libre champ à Israël de continuer en toute impunité.


Pourquoi les gouvernements occidentaux soutiennent inconditionnellement Israël malgré ses crimes contre l’humanité et le non-respect des droits humains? 

Rappelons-le, l’État d’Israël a été créé par l’Occident. Il sert les intérêts économiques et géopolitiques des États-Unis et de l’Europe. Sa création a déstabilisé et affaibli le monde arabe et l’Occident ne veut surtout pas perdre son pouvoir au Proche-Orient, ni la mainmise sur les ressources de la région.

De plus, le lobby sioniste est très important en occident, des institutions comme la LICRA en France et la CICAD en Suisse veillent à attaquer et traiter d’antisémite toute personne qui critiquerait la politique d’Israël. Fin 2023, les personnalités publiques et politiques qui s’exprimaient au sujet du génocide à Gaza étaient rares et étaient sujettes à de nombreuses critiques, le cas le plus absurde étant la plainte déposée par Gérald Darmanin, Ministre de l’intérieur français, à l’encontre de Karim Benzema, footballeur de renommée internationale, pour avoir exprimé sa solidarité envers les enfantexs tuéexs à Gaza…

Malgré la censure et la désinformation des médias, les informations et les images circulent sur internet. La population du monde entier se mobilise et des actions simples permettent d’exprimer la solidarité envers les palestiniennexs et de dénoncer les crimes d’Israël et la complicité des gouvernements occidentaux.

Trois premiers petits pas pour ne pas être complice

Quelques ressources pour aller plus loin


Comptes Instagram recommandés